Dix choses à savoir sur Mërgim Vojvoda, de retour au Standard

Dix choses à savoir sur Mërgim Vojvoda, de retour au Standard

Dix bons trucs à savoir sur ce Kosovar que le Standard a décidé de rapatrier trois ans après l’avoir laissé filer gratos à Mouscron.

Bernd Storck n’avait pas l’habitude de citer des cas individuels. Das Team zuerst. L’équipe d’abord. Lors d’une interview qu’il nous a donnée cette saison, il a fait une exception. Pour parler de MërgimVojvoda, son back droit. Et il était élogieux. Ce joueur vient de faire trois ans à Mouscron. Trois saisons pleines : d’abord 30 matches de championnat, ensuite 31, puis 37 en 2018-2019. Aucun Hurlu n’a été présent dans plus de matches. Mërgim Vojvoda a une histoire à part. Sur les pelouses et en dehors. Voici dix particularités de sa carrière et de sa vie.

Enfant de la guerre

Ses parents ont fui le conflit au Kosovo, se sont réfugiés en Allemagne et Mërgim est né dans ce pays. L’Allemagne les a ensuite renvoyés chez eux.  » On a vécu dans des forêts pendant plusieurs mois pour échapper aux combats. On se déplaçait en tracteur, on se cachait sur la remorque, entre des sacs de blé. On dormait à la belle étoile, on avait faim et soif.  » La famille s’est retrouvée en République tchèque où la police a mis son père, son frère et sa soeur en prison. Ils ont été séparés pendant une demi-année. Une fois réunis, ils se sont réfugiés en Belgique, où Mërgim avait deux tantes.

Vie à Liège

Après la découverte du foot dans des petits clubs de la région liégeoise, il a abouti au Standard à 16 ans. Il y est resté trois ans, il a touché son graal le jour de son 18e anniversaire : un contrat pro. Mais il n’est jamais monté dans le noyau A, à part pour deux semaines d’une prépa estivale.  » Même quand les internationaux étaient partis, on ne me faisait pas monter.  » Il lancera plus tard :  » Le Standard dit qu’il forme des jeunes pour son équipe Première mais j’ai plutôt l’impression que c’est pour fournir le noyau d’autres clubs.  »

Très compliqué à Saint-Trond

Le Standard le parque en prêt à Saint-Trond. On lui dit que quand il rentrera à Liège, un an plus tard, il se retrouvera enfin dans le groupe pro des Rouches. Mais ça ne se passe pas bien dans le Limbourg, le courant ne passe pas avec Yannick Ferrera et il joue très peu. Alors, le Standard revient sur sa promesse.  » À ce moment-là, j’ai voulu partir. Mais Roland Duchâtelet a décidé que je coûtais 800.000 euros.  » Impossible de trouver preneur à ce prix.

D4 allemande

Duchâtelet l’envoie dans son club allemand, Carl Zeiss Iena. C’est le quatrième étage. Là-bas, il apprend à devenir un homme.  » J’ai dû m’accrocher. Je devais compter mes sous en fin de mois. Je logeais dans un studio d’un hôtel zéro étoile, dans des conditions qu’aucun autre footballeur n’aurait acceptées. Mais j’ai grandi et mûri là-bas. C’était important, à ce moment-là, de sortir de ma zone de confort et de découvrir ce qu’était le football pratiqué par des hommes, plus par des jeunes.  » Un arc-en-ciel dans sa saison dans le foot d’en bas : Iena a éliminé Hambourg en Coupe d’Allemagne avant de tomber face à Stuttgart.

Gratuit au Canonnier

En 2016, preuve que le Standard ne croit définitivement pas en lui, il passe gratuitement à Mouscron. Les Liégeois exigent simplement une petite plus-value sur une éventuelle future vente. Mërgim Vojvoda préfère le Canonnier à Nîmes, en Ligue 2, où il a passé un test concluant.  » J’ai préféré rester plus près de chez moi.  » Il fait un tabac lors des tests physiques à Mouscron avec une VMA de 19,5. Traduction : le back droit est une vraie flèche.

U21 albanais

Entre 2014 et 2016, il joue une petite dizaine de matches avec les Espoirs albanais. Il dispute une campagne complète de qualification pour le Championnat d’Europe. Un choix par défaut. Il rêve de se produire en sélection du Kosovo mais ce pays n’est pas reconnu par la FIFA.  » Mon pays, c’est le Kosovo, mes parents viennent de là, j’y retourne chaque année en vacances.  »

International kosovar A

2016 est une année bénie pour le football albanais. Son équipe nationale participe à l’EURO en France, c’est historique. Vojvoda peut peut-être rêver d’une vraie carrière internationale. Mais non. Il fait le choix du coeur, un choix plus symbolique que sportif dès que la FIFA reconnaît le Kosovo et lui permet d’avoir une équipe représentative.  » L’Albanie en Espoirs, c’était bien, mais je n’ai pas hésité quand j’ai pu jouer pour le Kosovo. À chaque match du Kosovo, j’imagine que nous sommes à nouveau en guerre. Je deviens un soldat qui doit défendre son pays.  »

Hazard vs Modric

 » À chaque fois que je rentre au pays, je suis accueilli comme une star. Je suis un peu, au Kosovo, l’équivalent d’ EdenHazard.  » Rien de moins. Le Kosovo fait doucement son trou dans le foot international. Cette équipe est invaincue depuis octobre 2017, elle n’a perdu aucun de ses 12 derniers matches. Il y a eu pas mal d’adversaires de faible niveau, mais aussi la Bulgarie et le Danemark, par exemple. Si Vojvoda doit retenir un gros match, c’est un déplacement en Croatie, en 2017. Le match a été arrêté parce que la pelouse était inondée. Le lendemain à 8 heures du matin, les joueurs ont appris que la partie allait reprendre sur le coup de 14 heures.  » Il y avait Ivan Perisic et Luka Modric dans mes parages, et mon opposant direct était Dejan Lovren.  »

Meilleur ennemi des Serbes

Vojvoda n’est pas allé au combat dans les années 90. Trop jeune. Mais il hait les Serbes. Il en parle ouvertement, il ne se cache pas.  » Les Serbes ne reconnaissent pas notre indépendance mais nous savons que le Kosovo nous appartient. À Mouscron, je joue avec des Serbes. Je n’ai aucun problème avec eux. Mais le ressenti est très différent au Kosovo. Si je croisais un Serbe à Pristina, je ressentirais de la haine, même envers un jeune qui n’a pas connu la guerre. Qui sait, peut-être même que je le giflerais (…) Pour aller au Kosovo, je peux traverser la Serbie en voiture, en principe, mais je préfère emprunter la route passant par la Croatie et le Monténégro, même si le détour me coûte huit heures.  »

Clap 100

En avril, Mërgim Vojvoda a disputé son centième match avec Mouscron. Dans l’anonymat des play-offs 2, à l’occasion de la visite de Courtrai. Son commentaire :  » C’était un objectif en début de saison. C’est un honneur d’arriver à ce chiffre. J’ai toujours su où je voulais aller. « 

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