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Pourquoi Jankovic n’y arrive pas

Lourdement battu par le FC Bruges (0-3), le Standard risque de manquer les Playoffs 1 pour la deuxième saison de rang. Comment en est-on arrivé là ?

A l’occasion du choc de reprise contre le leader de la Jupiler Pro League, le Standard s’est méchamment pris les pieds dans le tapis. Au classement, un retard de 4 points à 8 matches de la fi n ne paraît pas encore insurmontable mais la faiblesse de la réplique offerte contre le Club de Bruges donne aux ambitions liégeoises des apparences d’une douce rêverie, surtout dans la perspective d’un double déplacement à Eupen (jeudi) et à Anderlecht (dimanche). Alors que les Rouches doivent envisager une deuxième saison d’affilée sans Playoffs 1 (et la Coupe de Belgique ne sera plus là pour sauver la face et garantir un avenir européen), la déroute suscite de nombreuses interrogations. L’entraîneur, les joueurs, la direction et même les supporters : personne n’échappe au débriefing d’une défaite dont l’ampleur n’est pas sans rappeler un certain 0-4 contre Anderlecht lors de la première saison de la réforme…

QUESTION 1 : Les choix de Jankovic sont-ils en cause ?

Bien entendu, et on ne le répétera jamais assez, l’arrêt de Charleroi-Standard a sans doute été le tournant de la saison liégeoise. Par la faute d’une poignée de ses propres supporters qui ont lancé les hostilités au Mambourg, le club principautaire a vu s’envoler une victoire qui se destinait à lui, qui plus est de manière autoritaire. On ne réécrit pas l’histoire évidemment – sauf si la Cour belge d’Arbitrage pour le Sport s’y emploie – mais avec ces trois unités supplémentaires, personne ne jugerait la situation alarmante. Et ne se poserait de questions sur Aleksandar Jankovic qui a été le premier à tenir un discours «fataliste», dimanche, en disant qu’après avoir modifié les systèmes, les joueurs, les gardiens et les capitaines, un jour ce serait son tour d’être changé. En gros, le Serbe semble dire qu’il a tout tenté mais qu’il n’y arrive pas. Les chiffres ne mentent pas : sous sa direction, le Standard a pris 25 points sur 48, soit un bulletin de 52%. Juste un peu plus que les 45% de Yannick Ferrera en 29 matches de championnat puisqu’on ne peut pas vraiment y inclure les Playoffs 2 qui avaient servi de laboratoire pour la saison actuelle. C’est maigre. D’autant que ses changements de stratégie n’ont pas eu de conséquences positives. Deux exemples. Le premier, la défense à trois. Elle a été utilisée trois fois pour autant de défaites (à Gand, à Ostende et contre Bruges). Le second, le changement de gardien. Depuis que Hubert a pris le relais d’un Gillet qui n’avait pas encaissé de but lors de six des treize matches durant lesquels il avait été titulaire, le Standard vient d’aligner neuf rencontres de championnat, Charleroi compris, sans être en mesure de garder le zéro… Si en période d’élections, le slogan «l’heure est au changement» prime, à Sclessin il n’est guère utile.

QUESTION 2 : Quelle influence sur la fin du mercato ?

En décortiquant le programme de reprise du club principautaire, tout le monde était bien conscient que les trois premiers matches de janvier allaient être déterminants sur la route des Playoffs 1. Le premier, dimanche, contre Bruges a été mal négocié. Pour ne pas dire très mal. Ce qui ne laisse présager rien de bon pour les déplacements à Eupen et à Anderlecht qui pourraient définitivement ruiner les ambitions principautaires. Or, dimanche soir, il restera encore deux jours avant la fi n du mercato. Dans le cas où le Standard n’aurait que très peu de chances d’atteindre le Top 6, le club pourrait très bien envisager de finaliser des dossiers sortants pour récupérer de l’argent qu’il pourrait investir à bon escient dès le début de l’été en vue d’entamer la préparation avec un effectif déjà bien déterminé. On pense à Cissé dont la dernière offre de Fulham a été refusée mais dont la présence n’est sans doute plus aussi vitale depuis les arrivées de Marin et Danilo. On songe aussi au cas Belfodil. Pour autant qu’une offre venue d’une destination qui agrée le joueur arrive dans les dernières heures, le Standard ne devrait pas retenir un élément dont la présence sera moins indispensable même si les Playoffs 2 auront quand même un intérêt européen cette saison, à l’inverse de l’édition précédente puisque le Standard avait gagné la Coupe. D’autant que l’Algérien est sans doute l’un des rares qui n’a pas grand chose à se reprocher dans le marasme actuel.

QUESTION 3 : Trop calme par rapport à l’ordinaire, les supporters ne deviennent-ils pas fatalistes ?

On attendait énormément de ce choc entre le Standard et le Club de Bruges. Il a finalement accouché d’une souris. Et la prestation des Rouches n’est pas la seule en cause. Les tribunes de Sclessin furent, elles aussi, relativement tristes. Si la T4 s’est fendue d’un tifo, le reste de l’assemblée fut d’entrée de jeu assez timide. On était loin des ambiances survoltées que l’on connaissait jadis, des tribunes qui portaient leurs favoris vers la victoire et qui s’indignaient si les protagonistes ne mouillaient pas leur maillot. Le but stupéfiant concédé par Guillaume Hubert a clairement médusé tout le monde. Le stade était K.O. debout. On n’a ensuite pas tardé à entendre le désormais classique «on se fait ch…» scandé par une grande partie de la T3 avant que des sifflets n’accompagnent les joueurs aux vestiaires. Des huées entamées par ce qui restait de l’assemblée car il ne faut pas se leurrer, à la 70e déjà, nombreux étaient les supporters qui quittaient le stade. Le public de Sclessin semble résigné, purement et simplement. Les Playoffs 2 se profilent à l’horizon et on a clairement l’impression que tout le monde l’accepte, aussi bien les joueurs que les fans. Ces derniers espèrent simplement une issue plus favorable lors de la rencontre suivante. Le chaudron ne semble pas éteint, pas encore du moins, mais il est calme, très calme. Les débordements tels qu’on a connu lors d’un certain Standard – Zulte Waregem de la saison 2014-2015 ne doivent jamais se reproduire, mais on est passé d’un extrême à l’autre à Sclessin. La ferveur fait doucement place au fatalisme. Le public est refroidi par le spectacle qui lui est proposé, par les changements incessants de joueurs et d’entraîneurs, par les désillusions, par les sanctions qui sont systématiquement infligées à leur club par les instances de l’Union belge, par les menaces de huis – clos…

QUESTION 4 : Le mercato a-t-il foutu le bordel ?

Très mal vécu par le public liégeois, comme c’est toujours le cas lors d’un transfert qui s’opère de Liège vers Bruxelles, le départ d’Adrien Trebel pour Anderlecht a été, en interne, plutôt bien accueilli par le vestiaire liégeois, où le statut de capitaine du médian français était, aux yeux de la plupart de ses équipiers, illégitime. Et si Ibrahima Cisse a montré, dimanche face à Bruges, qu’il avait un peu la tête ailleurs, à Fulham plus précisément qui a formulé deux offres au Standard pour s’attacher ses services, il n’en est rien pour Ishak Belfodil, dont le professionnalisme continue d’être loué par tous. Le problème n’est donc pas là, pas plus que sur le plan de la qualité d’un effectif qui, tout le monde en conviendra, n’est certes pas taillé pour jouer le titre, à l’inverse de ceux du FC Bruges, d’Anderlecht et de La Gantoise, mais possède quand même suffisamment d’atouts pour accrocher les Playoffs 1. Au niveau individuel en tout cas, tant collectivement, les lacunes paraissent importantes, en termes d’équilibre et de complémentarité notamment. À l’image, dimanche face au champion en titre, du tandem composé de Cisse et Enoh, aux profils trop semblables en milieu de terrain, juste devant la défense. À Sclessin, c’est dans la mentalité, et ce n’est pas pour rien qu’Olivier Renard, le directeur sportif des Rouches, a beaucoup insisté sur ce terme lors du stage hivernal à Mijas, que le bât blesse davantage. Une mentalité trop souvent défaillante dans le chef d’une équipe qui, passive, poussive et spectatrice face à Bruges, n’a tout simplement pas été au combat et s’est contentée de subir les événements, sans opposer aucun esprit de révolte, face à une équipe au jeu parfaitement huilé. C’est là le constat le plus interpellant !

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