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Olivier Renard : « On aime bien tirer sur le Standard »

À l’aube de la nouvelle saison, le directeur sportif du Standard ne veut pas tenir de fausses promesses. Et répond aux critiques et interrogations qui entourent son club.

Olivier Renard, avez-vous une explication pour ces deux dernières saisons sans Playoffs 1 ?

Il est évident que la situation sportive n’est pas acceptable. La Coupe de Belgique a un peu sauvé le palmarès de ces dernières années. Cela dit, Gand s’est qualifié in extremis pour les PO1 en ayant dépensé beaucoup d’argent en janvier. La concurrence est donc plus relevée avec aussi des clubs comme Ostende, bien structuré financièrement, ou Zulte qui maintient le cap avec le même coach. Il y a aussi le poids du passé. Le président a repris un club avec une masse salariale et un nombre de joueurs énormes. On doit encore gérer cet héritage en réduisant le noyau alors que, dans le même temps, les gens veulent avoir une meilleure équipe. Et diminuer le nombre de joueurs en rajoutant de la qualité n’est pas évident à atteindre. Enfin, différents facteurs ont provoqué l’écroulement de notre dernière saison car, à peu de chose près, avec le même noyau, elle aurait pu être positive. Mais, comme la ligne de conduite tout en haut de l’échelle n’avait pas été tracée comme il le fallait, cela s’est répercuté sur les joueurs qui ont trouvé des excuses faciles.

À la suite de ce manque de ligne de conduite, un nouvel organigramme existe avec moins de décideurs. Pour une meilleure gestion ?

La saison dernière, on pensait que tout était clair entre nous. En fait, ce ne l’était pas avec trop de flous à certains endroits. Aujourd’hui, on sait où on veut aller. Mais, évidemment, tant que les résultats ne sont pas présents, c’est difficile de montrer que nous sommes soudés en haut.

En revanche, un nouveau lien a été créé entre le vestiaire et la direction. Benjamin Nicaise est plus qu’un team manager. Cela change votre rôle ?

J’étais demandeur de cet apport. Je suis un directeur sportif qui regarde un maximum de rencontres. J’ai aussi un caractère qui me rapproche des joueurs et donc moins autoritaire. Cela peut être perçu comme un point faible dans le milieu d’aujourd’hui. Mais si je parle ou rigole avec des joueurs, cela ne veut pas dire qu’ils vont jouer le dimanche. Je ne l’ai d’ailleurs jamais décidé. Sauf une fois, en fin de saison dernière : quand on n’avait plus rien à gagner, on a demandé à Jeunechamps de faire entrer un jeune pour donner un signal important à notre Académie. De l’autre côté, notre vestiaire était compliqué. Sans doute par un manque de règles. À cause de mon détachement à cet égard ? Peut-être. Je m’en suis d’ailleurs ouvert au président. J’avais donc besoin de quelqu’un pour me libérer du temps et ne plus devoir régler les petits problèmes du quotidien.

Contrairement à Malines, un directeur sportif au Standard ne peut pas tout gérer ?

C’est beaucoup plus compliqué. À Malines, les joueurs n’ont quasiment rien gagné sportivement et ont donc l’envie de bien prester pour partir plus haut. Ici, le statut des joueurs est différent et on a parfois l’impression qu’ils ont moins faim que les autres. Cette maladie se propageant depuis plusieurs années, il fallait changer les mentalités. Notre nouvelle approche en interne, plus stricte, peut donc les choquer. Il y aura des conflits. Mais c’est un passage obligé. Il y avait, en Playoffs 1, des équipes avec moins de qualités, mais qui possédaient un esprit de groupe. C’est vers cela qu’on doit tendre. Pas seulement dans le vestiaire. Mais aussi avec la direction et entre les joueurs et les supporters.

Les supporters ?

Quand un jeune élément belge dispute ses 20 premières minutes et qu’elles ne sont pas top, il est directement classé comme un transfert raté. Au Standard, il faut tout et tout de suite. Or, ce ressenti de confiance à un groupe est important. À Malines, on a eu des matches où on se faisait battre 0-3 en se faisant applaudir par tout le public. Du coup, personne n’avait peur de rentrer sur le terrain au match suivant. Cette cohésion fans-joueurs est importante. Mettre les joueurs en confiance peut apporter 15 à 20 % de résultats positifs en plus. La saison dernière, dans l’adversité, nous n’avons pas eu la force nécessaire, que ce soit à la direction, dans le staff ou sur le terrain, pour réagir à une série de résultats plus délicats. On n’a fait que subir. Et en foot, quand tu subis, c’est compliqué.

Est-ce pour cette raison que le mercato est moins calme que prévu ?

Si les joueurs estiment qu’il n’est pas nécessaire d’amener de la concurrence dans le groupe, qu’ils viennent m’expliquer pourquoi le Standard a fini 9e. Nous avons effectué un mercato ciblé avec un coach qui a marqué son accord sur les entrées. On a vu des manquements l’an passé et nous avons tenté d’y remédier. Évidemment, la qualité doit primer sur la quantité. Malheureusement, nous avons encore beaucoup de joueurs. Et, en tant que directeur sportif, ce n’est pas évident de croiser ceux qui sont mis à l’écart même si cette situation n’existe pas qu’à Sclessin.

Cela dit, avec Pocognoli et Mpoku, voire Sa Pinto, cela ressemble à un mercato dicté par les fans ?

Non. Dès l’an dernier, nous avons déclaré vouloir retrouver l’âme du club.

Et cela ne pouvait passer que par des anciens ?

Par le profil des joueurs aussi. Si on joue avec 11 éléments de l’Académie et qu’on est avant-derniers, les supporters vont nous siffler. Si on évolue avec 11 étrangers et qu’on est dans les deux premiers, on dira que c’est bien joué. Le juste milieu est compliqué à atteindre car seuls les résultats l’apportent. La critique est d’autant plus facile que le foot est un sport populaire. Quand c’est mauvais, on est insulté et attendu à la sortie du vestiaire. Moi, quand j’achète mon pain et qu’il n’est pas bon, je ne vais pas attendre le boulanger à la sortie de son magasin… On a donc voulu trouver des joueurs se rendant compte de la situation du club et désireux de la modifier. Et nous aurions été fous de ne pas ramener Pocognoli et Mpoku avec les conditions financières liées à leur retour.

En attendant, cela ressemble à l’été 2013 quand Duchâtelet avait rapatrié De Camargo et Carcela pour calmer la fronde des supporters…

Je n’étais pas présent à l’époque. De notre côté, c’était calculé. C’était des joueurs ciblés et dans nos cordes, qui ont faim de football et veulent se mettre en évidence à Sclessin.

Mais pourquoi un joueur de flanc comme Mpoku alors que vous aviez déjà 7 ailiers ?

La saison dernière, dans la difficulté, certains joueurs se cachaient. Même à l’entraînement. Mpoku, lui, demande la balle et prend ses responsabilités. Le seul qui osait le faire était Belfodil avant sa baisse de régime. D’autres éléments qui jouent sur les côtés se cachaient sur le terrain ou restaient dans le vestiaire dans les mauvais moments. En attendant, il y aura encore des départs.

La politique salariale repart à la hausse car on ne peut pas faire différemment pour être compétitif ?

Pas forcément. Si on ne dépense pas beaucoup en transferts, on peut se permettre de donner plus en salaires.

Comme pour Ochoa ?

Sa Pinto a fait sa liste de priorités et pas seulement pour le poste de gardien qui est une position délicate. Gillet a fait de très bonnes prestations en étant élu plusieurs fois homme du match. Il a 38 ans. Si on peut prendre un Ochoa sans devoir payer d’indemnité de transfert plutôt qu’un autre qui aurait pu te coûter un million plus le salaire, on n’hésite pas. Avec Ochoa, nous avons un gardien expérimenté et de qualité. Et mon devoir est de mettre plus de qualités dans le vestiaire pour permettre au chef d’orchestre de trouver la meilleure formule.

Sa Pinto sait donc à quoi s’en tenir. Mais quelle est sa griffe ?

On savait qu’il ne serait pas facile à vivre au quotidien, mais cela ne me pose aucun problème. Il apporte ce qu’on voulait sur le plan de la grinta et au niveau physique où c’est très différent de la saison dernière. Les résultats des tests démontrent que les joueurs partent de loin et cela ne se change pas en deux semaines. Le fond, l’intensité, la vivacité… nous n’avons pas été top à cet égard la saison dernière. Pour l’instant, l’attitude des joueurs à l’entraînement est bonne, mais, évidemment, cela ne donne aucune garantie sur le championnat et les résultats.

Des résultats qui font défaut et qui forcent le club à se reconstruire une image ?

Évidemment. Nous avons tous commis des erreurs. L’an dernier, on a pris tout ce qui était possible en plein visage. Qui plus est, on aime bien tirer sur le Standard. Ce serait donc bien qu’on fasse tous ensemble le gros dos pour avancer dans la même direction.

Mais on sent que le club n’attire plus les joueurs. Et alors qu’avant tout le monde venait en courant pour travailler au Standard, Jeunechamps et Still sont arrivés et vite partis et Ernst a refusé de venir…

Avec les réseaux sociaux et la rivalité des médias, il y a un paquet d’infos qui sortent et qui ne ressemblent à rien. Comme Kownacki. Oui, on a eu la possibilité de le rencontrer ici pour le découvrir humainement. Mais j’étais conscient des montants de transfert et donc nous n’avons fait aucune offre à son club ni au joueur car ce n’était pas notre priorité. Ce fut aussi le cas avec Heinze. Avec tout le respect que j’ai pour lui, il n’a jamais été sur notre liste d’entraîneurs et nous ne lui avons jamais fait de proposition contrairement à ce qu’on a lu. Cela dit, parfois, pour avancer sur d’autres dossiers, c’est bien de voir de fausses infos sortir dans la presse. Quant à Andrijasevic c’est une autre histoire. Des choses ont été faites autour de lui et de sa famille pour que cela échoue. Cela semble être une nouvelle tactique dans le foot.

C’est-à-dire ?

Je ne vais pas en dire plus. C’est dommage de vivre cela dans le domaine du sport.

Êtes-vous prêts à vous mettre à table avec Gand pour aplanir vos différents ?

Mais je n’ai pas de problème avec Gand. C’est le monde du foot. On était sur ce dossier depuis très longtemps et le joueur le sait. C’est pour cela qu’il était charmé de venir chez nous. On avait des accords avec Andrijasevic et Rijeka. Puis, un autre club est venu avec une autre façon de travailler qu’il ne m’appartient pas de critiquer. Mais qui n’est pas la mienne…

Pour redevenir attractif, le Standard doit avoir des résultats et être ambitieux. Or, on évoque les Playoffs 1 sans même parler d’accession à une compétition européenne…

On ne peut pas être ambitieux après nos deux dernières saisons. Ce serait un manque de réalisme et un manque de respect par rapport à nos supporters.On doit donc être dans le Top 6 et après on verra. Les ambitions, c’est relever la tête et mouiller le maillot avec l’aide du public. C’est donc prématuré de parler d’Europe.

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Commentaires

Commentaires

4 thoughts on “Olivier Renard : « On aime bien tirer sur le Standard »

  1. Les propos de Renard sonnent juste, ce qui ne m’étonne pas ! J’ai toujours apprécié cet homme, meme en temps que joueur !
    Maintenant, si je pouvais toutefois lui donner un conseil, ce serait de doubler valablement SA devant, car là, franchement, j’ai peur qu’il parte ou se blesse ! Qui resterait t’il pour le remplacer et mettre les occases au fond, à part Emond ? Moi, j’aurais aimé qu’on recruit SAADi, et il n’est pas encore trop tard !!!

  2. Je crois que Saadi est parti à Strasbourg ou Troyes.

    En ce qui concerne l’interview, je crois qu’il est temps que le club fasse corps pour faire taire la presse de caniveau. BV doit montrer l’exemple et éviter des dérapages qui nous fragilises.
    Ensuite, il pourrait aussi de temps en temps boycotter cette même presse ainsi que la tribune et son muppet show. Par le passé, Luciano l’avait fait.
    Notre club mérite le respect au vu de son palmarès.
    Concernant la doublure de Orlando Sa, je pense que l’on doit faire confiance à Mmae.

    1. D’Onofrio a eu cette attitude envers la tribune mais rien à voir avec le foot. Au lendemain du titre 2008, un sujet du JT parlait de ses magouilles et ça ne sert à rien d’ignorer la tribune, c’est de l’enfantillage. Cela dit OR a bien décrit les problèmes actuels, il voit clair.

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