Le vice puni et la vertu récompensée. L’idéal de la justice immanente. Laquelle, malheureusement pour la morale, ne trouve pas toujours d’écho systématique dans la justice des hommes, par définition imparfaite.

A l’échelle de sa juridiction interne, l’Union belge vient d’en délivrer un nouvel échantillon en rendant un verdict certes techniquement argumenté mais qui selon le point de vue où l’on se place, fournit tout de même matière à réflexion.

1.La rétention totale des points envers les deux équipes dont les supporters sont sortis des clous à tour de rôle, repose sur des bases réglementaires approuvées et signées l’été dernier par tous les membres de la Pro League. Elle constitue un signal clair envers la résurgence récente d’une certaine forme de hooliganisme en Belgique. Plus que contraindre les clubs à mettre la main au portefeuille, c’est le capital points qui constitue la corde sensible d’un supporter. Et si certains affirment qu’à cette allure, la malveillance se déplacera inévitablement dans des stades où il sera plus aisé de détourner la vigilance, c’est vers le modèle de prévention (fan coaching, campagnes de sensibilisation dans les écoles et les clubs) et de répression anglais (punitions individuelles rapides et interdictions de stade lourdes) que les cours et tribunaux belges devront bien finir un jour par se tourner.

2.En punissant au bout du compte Charleroi d’un match avec sursis, la Commission des litiges a rectifié une omission manifeste du Parquet dans l’interprétation de son propre règlement. Le fait qu’elle embraie vis-à-vis du Standard au travers d’une même peine commuée en match ferme (indépendamment du sursis qui menaçait le club principautaire depuis l’an dernier) se tient lui aussi du point de vue légal. Mais moralement ? On ouvre là tout un autre débat, nettement plus sensible : celui du sentiment d’iniquité, d’injustice et donc de victimisation. Hier à l’Union belge, la lettre a clairement prévalu sur l’esprit. Sans laisser la place à la subtilité que réclamait pourtant la gravité du moment. En brandissant le casier judiciaire du Standard et en le punissant pour l’ensemble de son oeuvre, la Commission des litiges a peut-être oublié que son incompréhensible clémence dans le cadre de l’interruption de match entre Saint-Trond et Charleroi, le 29 octobre dernier, allait inévitablement lui être opposée. Pour ne pas dire qu’elle lui revient en pleine figure aujourd’hui.

3. Tout comme le huis clos prononcé pour des broutilles à Malines – Standard, n’a fait lui aussi, qu’alimenter un peu plus la théorie du complot que l’on dénonce depuis dix jours à Sclessin. Comme d’autres dirigeants cumulards avant lui, Mehdi Bayat doit vivre aujourd’hui avec la suspicion d’ingérence dans les affaires judiciaires de l’Union belge. Et en dénonçant à demi-mot le football de couloirs et du lobbying, le Standard semble donner, quant à lui, l’impression de payer au grand comptant sa politique de la chaise vide dans les instances fédérales. Tout en demeurant, plus que tout autre club du pays, « camisolé » dans une situation quasi schizophrénique : composer avec des supporters qui incarnent sa force et son âme mais qui lui coûtent très cher. En points et en cash.

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