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 » Celui qui engage Preud’homme sait qu’il a plus qu’un coach « 

Michel Preud’homme effectue son grand retour au Jan Breydel à l’occasion du match entre le Standard et Bruges. Voici comment MPH a remis le Club en lice pour le titre et comment il essaie de remettre le couvert au Standard.

Michel Preud’homme est davantage qu’un entraîneur au Standard. Ça n’étonne pas Bruges. Fin 2013, quand équipe et entraîneur procèdent à l’évaluation de leurs premiers mois de collaboration – Preud’homme a remplacé Juan Carlos Garrido en septembre, après s’être constitué une épargne-pension en Arabie saoudite -, on envisage une première fois d’élargir ses compétences. Son contrat court alors jusqu’en 2016 mais le Club couve l’idée de l’impliquer davantage et sur une plus longue durée.

Preud’homme nuance directement : il ne sera pas manager à l’anglaise car il ne veut pas d’enveloppe qui lui permette de décider seul de tout. Mais peut-il laisser les premières séances de la semaine à d’autres pour s’occuper d’autres aspects. Il est en quête d’une meilleure qualité de vie. Quelques mois plus tard, Preud’homme explique dans nos colonnes :  » Bart Verhaeghe me dit souvent que je ne dois pas perdre de vue ma qualité de vie et il a raison : si je dois tout faire moi-même, je n’ai plus de temps à consacrer à la créativité.  »

Pas plus qu’à Bruges, Preud’homme ne laisse rien au hasard au Standard. Impossible de se cacher à l’entraînement.

Juste avant les PO1, au printemps 2014, le manager général Vincent Mannaert est satisfait du premier championnat régulier de son entraîneur.  » Il possède une force de travail inouïe « , déclare-t-il durant un entretien, on et off the record, à l’hôtel Weinebrugge, dont Preud’homme a longtemps occupé une suite, où le Club invite volontiers ses hôtes et où le Standard a effectué une mise au vert cet automne avant un match crucial à Ostende.

Mannaert déclare, en cette soirée ensoleillée de mars :  » Chacun sait que, joueur, il a tout gagné en Belgique, qu’il s’est produit pour un grand club comme Benfica et qu’il a été sacré meilleur gardien du monde. Pourtant, il continue à afficher une motivation incroyable. Il arrive littéralement le premier au club et est le dernier à en partir.  » Il sourit.

Sens du détail

 » J’imagine que les autres entraîneurs (le CEO faisait allusion aux assistants Clement, Van der Heyden et van den Buijs, ndlr) doivent parfois jurer mais ils sont bien obligés de rester puisque Michel est toujours là. Ça me frappe, de même que son sens du détail. Chaque fois qu’il fait une remarque, je me dis : -Tiens, c’est juste. Nous accomplissons toujours des progrès en mettant ses remarques en pratique. Il peut s’agir du déplacement d’un parking comme des femmes d’ouvrage. Son point de départ ne change jamais : que peut-on améliorer ?  »

Preud'homme avec Philippe Clement : l'actuel coach de Genk a gagné en expérience lors de sa période brugeoise au côté de MPH.

Preud’homme avec Philippe Clement : l’actuel coach de Genk a gagné en expérience lors de sa période brugeoise au côté de MPH. © BELGAIMAGE

Un autre homme est encore à Bruges : Arnar Gretarsson, alors directeur technique. Ce soir-là, Mannaert parlera d’un problème de nomenclature.  » Ce n’est pas le titre qui compte. Grosso modo, il y a deux sortes d’entraîneurs. Ceux dont le travail prend fin en même temps que le match et ceux qui veulent être impliqués dans tous les aspects sportifs. Michel réfléchit avec nous et prodigue des conseils. Il s’est ainsi impliqué dans l’aménagement du Sart-Tilman au Standard. Il a pris son crayon pour dessiner ce qu’il fallait faire. Il serait stupide de ne pas profiter de son expertise. Celui qui engage Preud’homme sait qu’il embauche plus qu’un simple entraîneur.  »

Tout se confirme en fin de saison. Preud’homme prolonge son contrat jusqu’en 2019 (sic) et élargit son champ de compétences.  » En fait, tous les clubs qui ont ce type de besoin se tournent vers moi « , réagit Preud’homme, sans étonnement. Quelques mois plus tard, le mandat de Gretarsson s’achève, il retourne en Islande au poste d’entraîneur principal. Ce qui semblait possible en mars et même en mai n’a pas fonctionné. Mannaert avait dit :  » En Preud’homme, j’ai une personne qui contrôle la gestion quotidienne alors qu’Arnar fait plutôt la différence en s’occupant du scouting et en préparant les transferts.  »

L’oeil sur tout

Preud’homme a achevé son année sabbatique en été, il a trouvé un accord avec le Club Bruges pour sa dernière année de contrat et s’est engagé au Standard, où il est davantage qu’un entraîneur. Il veut avoir l’oeil sur tout et il l’a. Il possède toutes les clefs de Sclessin.

Après quelques mois, une question se pose : ne gaspille-t-il pas trop son temps et ses talents en occupant toutes les fonctions qui lui ont été attribuées ? À Liège, Preud’homme est à la fois entraîneur, vice-président et dirigeant. À la longue, ça peut être lourd à assumer et en interne, on murmure que l’homme jongle beaucoup, même si le travail de terrain, à l’Académie, est surtout du ressort d’ Emilio Ferrera, ex-coach du Club Bruges lui aussi.

Cette méthode de travail n’est pas neuve. Dès sa première saison au Club, Preud’homme restait à l’intérieur le lundi, confiant l’entraînement à Clement et à Van der Heyden. Pas pour se reposer : le lundi était consacré à l’analyse du match de son équipe. Il visionnait le match et repassait certaines phases. Si vous et moi zapperions les phases ennuyeuses, Preud’homme consacrait trois heures à cette session. Il en discutait ensuite avec ses adjoints l’après-midi. Le staff s’en allait rarement avant 18 heures.

Progressivement, Preud’homme délègue de plus en plus de choses à Clement, qui se prépare ainsi à devenir entraîneur principal. Durant sa dernière année à Bruges, l’actuel entraîneur du RC Genk a déjà accompli beaucoup de tâches, sans s’en vanter. Ça a attisé son envie d’autonomie et de commandement.

Ce n’est pas différent à Liège. Malgré son année sabbatique, le terrain ne semble plus être son biotope. Les observateurs n’ont pas l’impression que Preud’homme va entraîneur le noyau A pendant quatre ans – c’est la durée de son contrat car quand il s’engage, il veille toujours à disposer d’un long mandat -. Il est régulièrement absent depuis le début de saison, laissant Emilio Ferrera diriger les séances.

Amis footballistiques

Les deux hommes travaillent ensemble depuis longtemps. À l’automne 2013, quand Preud’homme quitte l’Arabie saoudite pour le Club, il abandonne Ferrera, son adjoint, pour quelques mois. Ils se retrouvent début 2014, l’un au poste d’entraîneur des Flandriens, l’autre à la tête du Racing Genk, où il a pris le relais de Mario Been.

Avant leur duel, Ferrera qualifie Preud’homme  » d’ami footballistique  » dans un journal.  » Jouer contre lui est spécial, après une si longue collaboration. D’autres entraîneurs sont des collègues alors que Michel et moi entretenons une relation spéciale. La première année à Al Shabab surtout, nous étions presque tout le temps ensemble. Nous habitions à cent mètres l’un de l’autre. Nous mangions et vivions ensemble. La seule chose que nous n’ayons heureusement pas faite, c’est de dormir ensemble.  » Ou de boire une bière. Quand Preud’homme en éprouvait le besoin, c’était en une autre compagnie.

Pourtant, Preud’homme n’a pas repris Ferrera dans son staff, contrairement à Renaat Philippaerts ou Jan Van Steenberghe. Clement était déjà en place et avait déjà appris les méthodes de Ferrera. Les initiés soulignent qu’il n’est pas toujours facile de travailler avec le Bruxellois, qui n’entretient pas précisément des rapports chaleureux avec son vestiaire.

Pour Ferrera, le football est une école, on doit travailler sur le terrain et pas parler ou le moins possible, ce qui crée des tensions. Ça a été le cas cet automne à Liège : l’adjoint et le noyau n’ont pas toujours été sur la même longueur d’onde et Preud’homme, qui avait été témoin du même phénomène en Arabie saoudite, est intervenu. Il a dû reprendre ses troupes en mains.

Penser match par match

Après Gretarssson, Bruges a réorganisé son scouting. C’est Olivier Renard qui assume à Liège le travail effectué par l’Islandais à Bruges. Responsable du recrutement, il soumet à Preud’homme une liste de footballeurs qui peuvent entrer en ligne de compte à divers postes. Preud’homme prend la décision finale. Il l’a fait cet été dans le cas d’ Obbi Oulare, dont le transfert a été réglé par l’agent du coach et vice-président.

Parfois, ça ne marche pas. Quand il est parti en vacances en Israël, cet été, Lior Refaelov pensait son transfert à Liège réglé. Michel Preud’homme le voulait. Le deal a capoté. Le Standard a estimé disposer de suffisamment d’options dans le compartiment offensif et surtout sur le flanc.

Preud’homme s’est énervé mais n’a pu obtenir le concours de Refaelov. Le club le suit pour d’autres joueurs. Une de ses récentes décisions concerne le départ prochain de Luis Pedro Cavanda, dont Preud’homme n’apprécie pas le comportement.

Il avait déjà ce problème à Bruges en 2013. Pour la première fois de sa carrière, il a fait appel à un psychologue et il a appris beaucoup de choses. Une de leurs conclusions ? Bruges parlait trop du titre. Le Club devait apprendre à penser comme un coureur cycliste qui escalade un col : il ne pense pas au sommet mais au prochain virage.

Match par match. Quand le Club a gagné le derby, tout le monde a dansé de joie. No sweat, no glory mais aussi no solo. Preud’homme a aussi estimé – et Cavanda en paie peut-être le tribut – que ses joueurs ne se faisaient pas assez mal, qu’ils ne consentaient pas assez de sacrifices en semaine.

Quand il a appris, à son époque brugeoise, que quelques joueurs allaient disputer un match de tennis contre leurs collègues du Cercle, il a explosé. De Bock et De Sutter allaient au club de tennis De Koddaert en spectateurs, pas pour jouer mais leur entraîneur jugeait que ce n’était pas professionnel et pas l’indice d’une  » mentalité de battants « . Preud’homme avait déjà eu, par le passé, un entretien personnel à ce propos avec Vadis Odjidja.

Travailler avec Emilio Ferrera n'est pas toujours facile. Ça s'est vu cette saison aussi au Standard.

Travailler avec Emilio Ferrera n’est pas toujours facile. Ça s’est vu cette saison aussi au Standard. © BELGAIMAGE

Meilleur les 2e et 3e saisons

Cet automne, son Standard a été irrégulier, comme son Club la première saison. La situation ne s’est améliorée que durant la deuxième et la troisième saisons. De bonnes prestations puis un zéro sur neuf. La défense de l’époque était encore la meilleure, avec Ryan, Engels, Mechele, un Meunier qui apprenait le travail d’arrière droit et un De Bock qui tentait de se frayer un chemin vers l’élite à gauche.

L’attaque était moins bonne. C’est également un schéma reconnaissable : on peut exercer plus facilement l’aspect défensif. Mpoku et Emond sont meilleurs buteurs avec cinq goals. Le Club de jadis n’avait pas d’avant qui sortait du lot. De Sutter, réserve à Anderlecht, a pris la relève de Bacca avec un retard de préparation et a eu des soucis physiques en cours de saison. Tchité n’avait plus joué depuis des mois, Eidur Gudjohnsen approchait de la retraite et ni Kehinde Fatai ni Nicolas Castillo, transféré en janvier, n’étaient prêts.

Le Club allait pourtant être à deux doigts du titre cette première saison. Il a même été maître de son sort en PO1, jusqu’au forfait d’Odjidja et de Victor Vazquez, victime d’une hernie et à peine rétabli du genou. L’équipe n’a pas été en mesure de résoudre le problème collectivement. Un but contre son camp de Meunier sur ses terres, face à Anderlecht, avait d’ailleurs scellé le sort des Blauw en Zwart.

Preud’homme essaie de professionnaliser le Standard comme il a amélioré lé système mis en place par le duo Verhaeghe-Mannaert. Le manque de régularité de l’équipe démontre que le noyau n’a pas encore tout à fait assimilé ce que Preud’homme lui demandait, même si les séances de plage de la période Sa Pinto sont révolues. Désormais, on travaille d’arrache-pied, même si passion et engagement font quelque peu défaut.

Rien n’est laissé au hasard

Ces derniers mois, beaucoup de joueurs ont tiré la tête et traîné les pieds. Alors qu’on faisait régulièrement la fête dans le vestiaire la saison passée, l’ambiance est souvent plus triste. Tout cela a été corrigé ces derniers jours.

Le Standard ne laisse plus rien au hasard depuis l’arrivée de Preud’homme et de son staff, exactement comme ce fut le cas de Bruges. On procède à des analyses régulières d’urine et les joueurs doivent se peser quasiment tous les jours. On travaille dur sur le terrain car le groupe doit refaire le retard pris l’année dernière.

Comme à Bruges, on compile les données. Des gilets GPS donnent des informations sur la vitesse et la distance parcourue ainsi que sur la fréquence cardiaque. Ces données sont immédiatement analysées : il est donc impossible de se cacher à l’entraînement.

Renaat Philippaerts et Jan Van Steenberghe ont mis le cap sur Liège. Philippaerts et sa famille ont même déménagé à Tongres. L’homme est un pion majeur du système MPH. Le duo est inséparable depuis son passage commun à Gand. Leur relation personnelle est importante : l’ancien professeur de l’université de Gand tempère MPH quand il monte trop dans les tours.

Comme à Bruges, Preud’homme est à l’écoute de son vestiaire, même s’il garde ses distances. Il préfère que les joueurs assument leurs responsabilités et acquièrent d’eux-mêmes plus de professionnalisme. On verra dimanche ce que ça donne.

Le préparateur physique Renaat Philippaerts, ici avec Mehdi Carcela, tempère Preud'homme lorsqu'il monte dans les tours.

Le préparateur physique Renaat Philippaerts, ici avec Mehdi Carcela, tempère Preud’homme lorsqu’il monte dans les tours. © BELGAIMAGE

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